Orgue Freytag-Tricoteaux (2001)
de l'église Saint Vaast
Béthune
Composition
I Rück positiv
Principal 8'
Gedackt 8'
Quintadena 8'
Octava 4'
Rohrflöte 4'
Octava 2'
Waldflöte 2'
Sifflötte 1 1/2'
Sesquialtera
Scharff VI-VII
Dulcian 16'
Trichterregal 8'
II Hauptwerk
Principal 16'
Quintadena 16'
Octava 8"
Rohrflöte 8'
Viola 8'
Octava 4'
Spitzflöte 4'
Salicet 4'
Quinta 3'
Octava 2'
Mixtur VI-VIII
Zimbel III
Trompete 16'
Trompete 8'
Vox Humana 8'
III Brustwerk
Gedackt 8'
Flöte 4'
Principal 2'
Tertian II
Scharff III
Krummhorn 8’
Schalmey 4’*
IV Pedal
Principal 16'
Subass 16'
Octava 8'
Octava 4'
Flauto 2*
Mixtur/Terz VI
Fagott 32'
Posaune 16'
Trompete 8'
Cornet 2'
Tous les jeux sont décrits de manière détaillée par JM Tricoteaux (harmoniste)
* jeux non posés
La console
Accord d'après Valotti
2 Tremulants
Zimbelstern
Accouplements I/II, III/II
Tirasse I
Diapason ~ 440 Hz
Claviers manuels : C-g'''Pédale : C-f'
HISTORIQUE
Les étapes historiques
1588 : construction d’un orgue pour la collégiale Saint-Barthélémy.
1700 : nouvel instrument pour 4300 florins.
1794 : l’orgue est adjugé pour 1650 livres à Denis Sage qui transfert l’instrument.
1888 : inauguration de l’orgue Merklin neuf (33 jeux) par César Franck. L’orgue est anéanti avec l’église au cours de la Première Guerre mondiale.
1930 : installation d’un grand orgue et d’un orgue de chœur par les Ets Krisher de Lille, après la reconstruction de l’église. Le grand orgue (34 jeux) est inauguré par Flor Peeters. Les deux instruments à transmissions pneumatiques sont muets dès 1971.
1974 : financement par la paroisse, d’un orgue d’accompagnement de René Godegroy de Longuenesse (11 jeux).
2001 : du 28 septembre au 9 octobre, manifestations inaugurales du grand orgue Freytag/Tricoteaux Orgelbau Felsberg (CH), (44 jeux) avec Jean-Marie Tricoteaux (http://www.tricoteaux.com), Jean Boyer, Michel Chapuis, Bernard Foccroule, Olivier Latry, Philippe Lebfevre, Michel Alabau, Nicolas Bucher, Ghislain Leroy, David Gallois, Bernard Hédin, Etienne Vallin, Luc Weeger, les Swingle Singers, et l’orchestre d’harmonie de Béthune.
Un choix esthétique
En ce début de XXIe siècle, force est de constater qu’il n’existe pas « d’orgue à tout jouer ». Au contraire, la plus fidèle traduction du répertoire passe par l’emploi d’instruments typés représentatifs de chaque école spécifique.
L’esthétique polyphonique, inspirée des grandes Orgues du Nord de l’Europe et pour laquelle ont été écrites de nombreuses œuvres majeures, n’était pas présente dans notre région, pourtant berceau de la polyphonie. En témoigne l’invitation à résidence à la Cour de Philippe II d’Espagne du béthunois Pierre de Manchicourt en 1559.
Bach, Buxtehude, Böhm, Haendel… ont été très impressionnées par les possibilités de l’orgue nord-allemand qui imite les « consorts » tant instrumentaux que vocaux.
Pour autant, ce nouvel instrument n’est pas une copie, mais le fruit d’une compréhension intérieure du style nord-allemand adapté aux conditions acoustiques et architecturales de l’église Saint-Vaast.
Très polyvalent, ce type d’orgue permet de jouer un large répertoire qui ne lui était pas prédestiné. La qualité de son harmonisation et son type d’accord permettent aussi l’interprétation d’une partie des répertoires des XIXe et XXe siècles et la création d’œuvres de compositeurs actuels.
Ce choix esthétique fait de l’orgue de Béthune un instrument unique au nord de Paris. Il complète et enrichit le parc instrumental régional déjà doté de nombreux instruments classiques français, flamands, romantiques, symphoniques, néo-classiques, néo-baroques…
Application du principe des proportions
Pour Platon, l’harmonie incluant proportions et nombres est d’essence divine : l’homme, par son activité artistique recherche ce qui, au fond de lui-même, est relié à la divinité puisqu’il en est issu.
Cette idée a inspiré et motivé notre civilisation européenne dès l’Antiquité. Les nombres étaient considérés comme la base de toute chose. Toutes les sciences étaient liées : rhétorique, grammaire, musique, géométrie, philosophie…2/3 est une fraction en arithmétique, une proportion en géométrie, une quinte en musique et un rapport en astronomie.
Le but principal de ce travail était de toucher les personnes dans leur cœur pour les rendre meilleures ou encore les aider à supporter les afflictions du moment. L’expression personnelle comme but n’est venu qu’au XIXe siècle. Auparavant, même le choix des peintures décorant l’orgue avait pour but de servir l’Autre.
Toutes les mesures des buffets et des tuyaux de Béthune proviennent d’un module unique traité géométriquement : la hauteur de la tourelle centrale de 12 pieds.
Les facteurs d’orgue se sont efforcés d’harmoniser chaque nombre correspondant à une mesure avec les autres et avec le buffet pour obtenir une harmonie visuelle (les proportions du buffet), une harmonie intellectuelle (tous les nombres entre eux), et une harmonie sonore (les tuyaux et la musique). Ce concept d’harmonie avait été porté à un haut degré de raffinement par Arp Schnigter (XVIIe siècle), facteur d’orgue nord-allemand.
Caractéristiques techniques (non détaillées)
Quatre buffets en chêne
Trois claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes
Accouplements I/II, III/II, Tirasse I, Tremblants I, II, III, Zimbelstern
Tirage mécanique des notes et jeux
Mécanique suspendue
Claviers en sapin, placage des naturelles en buis, feintes en ébène
Deux soufflets cunéiformes et soufflets supplémentaires pour la pédale
Huit sommiers en chêne sans table mais avec flipots, en chêne, encastrés dans les barrages
Soupapes en pin des Grisons
Boursette en peau
Pression : 84 mm
Accord : Valotti
Tuyauterie raclée et polie à la main
Alliages : 80 % pour les tuyaux de façades, 30 % pour les tuyaux intérieurs, chêne, sapin
3 344 tuyaux
13 000 heures de travail
Montage financier
Coût global avec la tribune et les options : 654 372 Euros.
Ville (propriétaire) : 35 %. Etat : 25%. Conseil Général du Pas-de-Calais : 20%. Région Nord/Pas-de-Calais : 15%. Association Orgues en Béthunois (parrainage de tuyaux) : 5 %.
Réalisation
L’appel d’offres a été lancé sur la base d’un programme fonctionnel rédigé par Bernard Hédin. La réalisation a été confié le 1er septembre 1998 à Orgelbau Felsberg (CH), Richard et Michael Freytag (direction), Werner Meier (plans, construction et direction du montage), Jean-Marie Tricoteaux (mesures et harmonisation), Peter Meier, Markus Lampert, Sebald Endner, Ismael Schwarz, Aven Flores (construction), Hans Sievi, Johannes Buchli (ébénisterie), Alfred Wolf (tuyauterie), Duri Caviezel (sculptures), Michel Bignens (dessin original du buffet), Thomas Bösch (apprenti). Les entreprises Pecqueur (fondations de la tribune), Seca/Kosiada (structure métallique), Norelec (électricité), Hussor (échafaudage), Ludwig (escalier), Bouinguez (peinture).